Le jazz a toujours eu cette capacité de se réinventer en puisant l'inspiration sur d'autres territoires. Si dans les années 60-70, il s'est fait une cure de jeunesse par sa fusion avec la soul et le funk, la tendance amorcée depuis les années 2000 par la nouvelle génération s'est logiquement tournée vers la pop et le rock qui l'ont nourrie et bercée. Originaire de Serbie, le quartet EYOT s'inscrit résolument dans cette lignée. Son piano purement acoustique s'empare volontiers des mélodies initiales et des solis lyriques. Il est entouré d'une guitare électrique, qui passe de l'éther vaporeux aux nervures racées. En toile de fond, une basse électrique va déployer sa pulse hypnotique avec une batterie résolument pop à la linéarité envoûtante. Quelques résonances balkaniques surgissent ici ou là, mais sans en faire une marque de fabrique. Les ambiances rappellent, en jazz, le duo Metheny-Meldau et pour le rock, les climats de Radiohead ou d'Archive, notamment pour cette manière d'aborder la réverbération comme un instrument à part entière. Avec quatre CD depuis 2009 – le dernier est produit par Steve Alibin (Pixies, PJ Harvey) – deux prix et des tournées incessantes, EYOT oscille parfaitement entre jazz décomplexé et pop intelligente. Le jazz n'a pas fini de se réinventer.
Dejan Ilijic: Piano
Sladjan Milenovic: Guitare
Marko Stojiljkovic: Basse éléctrique
Milos Vojvodic: Batterie